LE FEU PAR PERCUSSION


LES TRACES PRÉHISTORIQUES DU FEU PAR PERCUSSION

On a souvent pensé que le procédé le plus anciennement pratiqué serait effectivement celui par percussion actuellement pratiqué par les populations encore qualifiées au début du siècle «d'arriérées» comme par exemple les Esquimaux.

Des cercles de pierres plus ou moins calcinés et associées à des couches de cendres, apportent la preuve de la domestication du feu, vers 700 000 – 800 000 ans en Europe (grotte de l'Escale Durance; France).

Cependant, les premières traces de feu entretenues sont datées de - 400 000 ans à Zhoukoudian en Chine. On y a retrouvé de nombreuses pièces en os et des pointes de bois de cerfs, toutes durcies au feu. Ces différents vestiges prouvent que les populations ont maîtrisé et entretenu des foyers sur ce site.

D'autres sites présentant des traces de foyers ont également été répertoriés, principalement en Europe : à Vertesszöllös (Hongrie), à Terra Amata (Nice - France), à Lunel Viel (France), à Achenheim (Bas Rhin - France) et à Ménez Drégan (Bretagne- France). D'une manière générale on estime que l'utilisation du feu s'est généralisée en Europe il y a environ - 400 000 ans.

Foyer de Terra Amata
Foyer de Terra Amata

En France, à Nice, les silex brûlés de Terra Amata ont été datés de 380 000 ans. Vers 350 000 / 400 000 ans celle de Lune-Viel dans le département de l'Hérault a livré d'indiscutables foyers aménagés. Les foyers comportaient charbons et cercles de galets et se situaient dans des abris sous roche. En ce qui concerne les restes archéologiques de briquets, ils remontent en Europe au Paléolithique supérieur. Il s'agit toujours de nodules de marcassite associés à des lames en silex. On a aussi d'ailleurs découvert un morceau d'amadou dans le matériel d'Ötzi, cet homme de l'âge du cuivre, retrouvé parfaitement conservé, car congelé, dans un glacier à la frontière austro italienne en 1991. La plupart des sites en Europe prouvent donc une maîtrise parfaite du feu vers – 300 000 à - 400 000 ans. Les archéologues y observent en effet, des foyers indubitables (charbons, niveaux cendreux, pierres rougies et ossement partiellement carbonisés).


LE MATÉRIEL

 

 

Le principe pour obtenir du feu par percussion a été très présent au fil des siècles, le système ayant été perfectionné. A l'époque préhistorique, les hommes allumaient le feu grâce à des étincelles produites par la percussion d'un morceau de marcassite contre du silex. Pour récupérer l'étincelle, il utilisait une substance capable de s'embraser facilement comme l'amadou. Avec les seules ressources dont il disposait, l'homme préhistorique trouva donc le moyen de produire du feu en associant plusieurs matériaux.

 

Pour réaliser du feu grâce à cette méthode, des matériaux spécifiques sont indispensables, il s'agit de :

  • une boule de marcassite
  • un éclat de silex (ou un autre morceau de marcassite)
  • de l'amadou, un champignon fréquent dans la nature

Une boule de marcassite :

 

Pour produire des étincelles efficaces, il est nécessaire d'employer un sulfure naturel de fer de formule FeS2 dont il existe deux formes: la pyrite et la marcassite (remarque : la pyrite tire son nom du grec : "purithés lithos "qui signifie pierre à feu). Elles sont indispensables puisque contrairement à un a priori très général, le choc de deux silex ne produit qu'une étincelle froide et donc inefficace. C'est en tout cas l'opinion unanime de tous les expérimentateurs.

La marcassite se présente en nodules fibroradiés jaunes métalliques avec des nuances verdâtres. Elle est un peu plus tendre que la pyrite dont l'éclat doré est plus franc, moins adaptée à l'obtention du feu.

Les étincelles produites par le choc du silex contre la marcassite persiste longtemps, certainement à cause de la présence de souffre. La marcassite est fréquente dans certaines régions en particulier dans les terrains crayeux du Nord de la France.

 

On a retrouvé des briquets archéologiques, comportant des nodules de marcassite et des grattoirs en silex prouvant, de façon certaine, la connaissance de cette technique par les hommes de la deuxième partie du Paléolithique supérieur européen (de deux millions d'années à 10 000 ans).

Au « Trou de Chaleux », en Belgique, un nodule de marcassite, fortement rainuré par un usage prolongé remonte à 13 000 ans: il serait l'un des plus ancien vestige de ces briquets paléolithiques

Boule de marcassite
Boule de marcassite
Amadou  de l'amadouvier
Amadou de l'amadouvier
Éclat de silex
Éclat de silex

L'amadou, champignon fréquent dans la nature :

Depuis la préhistoire, l'amadou a servi pour produire le feu. Cette substance, tirée d'un champignon poussant sur les arbres, l'amadouvier, s'embrase facilement au contact des étincelles produites par la percussion de deux pierres.

L'amadouvier était utilisé pour la production du feu au moins dès le Néolithique (d'environ 6 000 à 200 000 ans)

--> Qu'est ce que l'amadouvier ?

L'amadouvier est un polypore assez fréquent dans nos forêts de feuillus. Il pousse sur de nombreuses essences d'arbres morts ou vivants : platane, bouleau, chêne, aulne, .... . Toutefois, en bien des lieux, son habitat préférentiel reste la hêtraie.

 

Son chapeau en forme de sabot de cheval, mesure de 10 à 50 centimètres de diamètre. Il est bossu au sommet, gravé de sillons concentriques formant entre eux des bourrelets. Sa surface est composée d'une croûte dure, blanche, brune ou grise, plus ou moins sombre. Les tubes constituant la partie fertile sont longs et présentent une couleur brun rouille. Ils débouchent sur des pores fins et arrondis. L'émission des spores se fait à la fin du printemps. La chair située sous la croûte dure mesure 2 à 5 centimètres d'épaisseur et possède une couleur brune fauve. Si on la gratte, elle s'effiloche en flocons de bourre, de consistance ouatinée et cotonneux. C'est cela qu'on appelle l'amadou !

 

Le silex:

 

Le silex est une roche sédimentaire siliceuse très dure formée par précipitation chimique et constituée de calcédoine presque pure et d'impuretés telles que de l'eau ou des oxydes, ces derniers influant sur sa couleur


L'ACTION POUR OBTENIR LE FEU

Il faut tout d'abord soigneusement préparer le champignon qu'il faut gratter, pour l'effilocher, avec le tranchant d'un couteau.

L'éclat de silex tenu de la main droite percute la boule de marcassite, fendue dans le milieu et posée dans la main gauche. Il faut ensuite placer convenablement l'amadou en le tenant avec le doigt sous la surface de choc et sur la trajectoire des étincelles.

i l'on est précis dans le geste, on arrive, sans grandes difficultés au bout de quelques essais, à loger une petite particule incandescente dans le fragment cotonneux, qui gagne rapidement toute la masse de l'amadou. :


L'étincelle produite ici est de type thermique. Il s'agit d'une petite particule de matière qui, à cause de son échauffement, émet de la lumière. Lors du choc avec l'arête tranchante du silex, de petits copeaux de fer sont arrachés à la marcassite. Le frottement échauffe ce petit copeau qui, en raison de sa petite taille va commencer à brûler dans l'oxygène de l'air. La température augmente et le petit morceau de fer en fusion finit de brûler en formant une petite étoile blanche que l'on appelle une étincelle.


Après avoir placé la braise d'amadou fumante dans quelques herbes bien sèches (1), un peu d'air permet alors de passer de la petite braise (2) que l'on obtient en quelques secondes à une véritable flamme (3).