LES GESTES ET TECHNIQUES DU TAILLEUR DE SILEX
I / Préambule
[Le verbe "tailler" signifie "fractionner intentionnellement une roche"]
Les opérations de la taille sont définies en 3 termes :
1 / le façonnage : d’un outil en taillant un rognon ou un gros éclat de silex.
2 / le débitage : d’un bloc plus ou moins préparé (« nucléus ») pour obtenir des éclats ou des lames.
3 / la retouche : d’un outil façonné pour sa fabrication, ou un produit du débitage pour le transformer en outil.
II / Les gestes du tailleur de silex
1 / Le tailleur choisit d’abord sa matière première par expérience, de préférence un silex homogène à grain fin, paraissant de « bonne qualité », et ensuite un percuteur, comme un galet de rivière par exemple.
2 / Il prépare l’endroit où il va frapper (« plan de frappe »), et prévoit le point d’impact.
3 / Au moment de frapper, il calcule la trajectoire et la vitesse qu’il donne au percuteur ; une bonne coordination des mouvements provoque une onde de percussion, puis une onde de fracture, et enfin le détachement d’un éclat.
III / Les techniques de taille
1 / La percussion directe : qui consiste à frapper avec un percuteur dur (galet ou autre objet en pierre), ou un percuteur tendre (bois, os, …), directement sur un bloc de silex, un plan de frappe ou un bord ; elle permet alors de débiter un nucléus pour obtenir des éclats.
2 / La percussion indirecte : qui consiste à frapper sur un objet appelé « chasse-lame » ou « ciseau », dont l’extrémité proximale est posée à un endroit choisi sur le plan de frappe, permettant ainsi d’appliquer avec précision la force à l’endroit voulu.
3 / La percussion par pression : qui consiste à utiliser une forte pression à l’aide d’un compresseur (généralement baguette en bois de cervidé), afin d’obtenir des retouches fines et régulières, à bords bien parallèles ; très difficile à acquérir, elle était surtout utilisée pour la fabrication des pointes de flèches et des poignards néolithiques.
IV / Les principaux outils du tailleur de silex
1 / Le percuteur : outil de base servant de mart
eau percutant directement ou non la roche, et qui peut être dur (galet ou rognon de silex) ou tendre (fragment de bois animal ou végétal, os, ivoire) ; quelle que soit la matière utilisée, le poids du percuteur est important car il détermine la grandeur de l’éclat.
2 / Le chasse-lame : pièce interposée entre le plan de frappe du nucléus et le percuteur, et qui est utilisée uniquement pour la percussion indirecte ; elle est souvent confectionnée dans un andouiller de bois de cervidé, voire dans un bois végétal résistant ou même à partit d’un galet allongé.
3 / L’abraseur : petit galet plat, souvent en grès, appelé également « frottoir » ou « préparateur », et qui est utilisé pour préparer le bord d’un plan de frappe en éliminant une corniche ou en créant un « bec ».
4 / L’enclume : pierre de surface régulière, souvent bombée, sur laquelle on peut retoucher par percussion une extrémité de lame pour former une troncature, ou bien retoucher un bord de lame pour créer un dos abrupt.
5 / Le compresseur : pièce confectionnée en os ou en bois de cervidé, servant pour retoucher par pression ; elle doit être souple et mince afin d’utiliser, par le principe de la détente, l’énergie mis en réserve sous forme élastique.
6 / La source de chaleur : diffusée par un foyer pour chauffer le silex afin d’améliorer ses qualités pour la taille.
7 / La protection cutanée : morceau de peau animale servant pour les cuisses du tailleur dans le travail assis, mais également d’établi et d’étau ; pour la retouche par pression, elle protège la main lorsqu’elle tient l’objet à tailler.