Bernard Bouffier
Bernard Bouffier

FABRICATION DES SAGAIES

 

Une sagaie est constituée d'un fut, d'une pointe, d'une cupule à l'arrière où se logera le

crochet du propulseur, de plumes qui constituent l'empennage.

 

LES FÜTS

 

Pour le fut des sagaies, des espèces végétales qui poussent bien droit sans trop de noeud : noisetier, saule, frêne, cornouiller, églantier … que l'on affine et redresse. Des tourillons de pin ou sapin … que l'on trouve dans des magasins de bricolage en deux mètres diamètre

12 mm, en les choisissant droit fil. Ces matériaux sont ourds et très souples. On peut les couper en trois ou quatre tronçons et les rabouter en biseaux ligaturés. On obtient des

sagaies plus rigides se redressant plus vite en vol.

Si on regarde une photo d'un tireur en extension on peut voir cette flexion qui va jusqu'à l'arc de cercle. Pour les cibles proches, avec une trop grande souplesse la sagaie n'a pas le temps de se redresser et va rater la cible.

 

Nous avons retrouvé, du Magdalénien, des tiges droites en bois de renne de 30 à 40 centimètres de long, comportant des biseaux simples, opposés sur les deux extrémités de ces tiges. Les préhistoriques on du en fabriquer en bois et constituer des sagaies composites. Mais on peut utiliser du bambou japonais ( Pseudosasa japonica ) ou bambou à flèches, qui contrairement aux autre bambous on un diamètre assez régulier et comportent des noeuds dans le prolongement des entrenoeuds. On trouve aussi des tuteurs dans les jardineries qui sont en Pseudosasa,

ils viennent souvent d'Asie et sont plus denses, plus lourds que du Pseudosasa européen. Une autre espèce est comparable, avec des diamètres un peu plus gros pour un même poids, c'est la canne de Provence ( Arundo donax ) que l'on ne trouve qu'en Europe du sud.

L'avantage du Pseudosasa ou de l'Arundo c'est leur légèreté, leur rigidité et leur solidité. Il est très rare de casser un bambou ou une canne en tirant. Ce type de fut n'était pas

accessible pour nos ancêtres du Paléolithique.

 

Le bambou ou la canne se récoltent en hiver. Les tiges sont en pleine sève, vont se flétrir au séchage et seront cassantes. Il faut les choisir les plus droites possibles avec un diamètre assez régulier sur la longueur, d'au moins deux mètres. Si elles sont courbes, on pourra les redresser, si les forment des angles, ce sera difficile d'obtenir un fut droit. Les tiges en séchant perdent du diamètre et il faut en tenir compte.Un fut de bambou sec à sa base mesure environ 12 mm, un fut de canne sec environ 15 mm.

La canne de Provence ne se récolte pas sur un sol salain car elle est très cassante, ni dans des secteurs trop venteux car trop tordue, ni dans des milieux très humides, car trop grosse. La meilleure canne pousse dans des terrains secs, sols superficiels, secteur non venteux. La canne produira des futs droits, fins, rigides, légers et non cassants. Le bambou ou la canne se coupent au sécateur à ras du sol après avoir demandé au propriétaire son autorisation. On supprime ensuite l'extrémité trop fine et parfois la base qui est soit trop grosse ou coudée. Un séchage lent produira des futs de couleur jaune en 6 mois. Un séchage rapide au dessus d'un radiateur produira des futs vert pâle en une semaine qui tourneront au jaune à la

lumière et sous l'action de la chaleur.

Ces futs secs devront être redressés soit au chalumeau ou mieux au décapeur thermique. Il faut sélectionner ceux qui nous paraissent les meilleurs, pour en standardiser trois et constituer trois sagaies similaires pour en avoir en secours lors de casse et effectuer trois

tirs à la suite lors des entrainements. On coupe les pointes trop fines ou les bases trop grosses avec une scie à métaux car au sécateur un fut sec éclate. On laisse toujours un centimètre après le noeud pour le côté fin et si possible cinq centimètres pour le côté gros.

 

Lorsqu'ils sont à la même longueur on peu les peser. On aura des poids de 60 g à 130 g pour des longueurs de 180 cm à 200 ou 210 cm pour obtenir des sagaies de 2 m à 2, 30 m. Le poids pour une même longueur et même diamètre permet de vérifier la densité et donc évaluer la souplesse du fut ( spine ). Avant de redresser ces futs il faut passer du papier de

verre sur chaque noeud dans le but d'enlever le reste de feuille pour obtenir un fut lisse, qui

n'accrochera pas au niveau des noeuds. Pour redresser un fut, on le mire sur sa longueur, on repère les courbures et on chauffe chaque défaut puis on redresse. Dès que le fut s'assombrit la chauffe est maximum. En redressant la courbure il faut l'inverser légèrement puis lâcher pour que le fut se stabilise droit. On redresse chaque entrenoeud, puis chaque noeud si nécessaire. On attend que tout refroidisse, on mire à nouveau et on recommence pour rectifier les imperfections.